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la guerre des boutons


En moins de cinq minutes, jurant et grognant contre cette sacrée vieille fripouille de garde qui se trouvait toujours où on ne le demandait pas, les soldats de l’armée ayant, avec une juste satisfaction, réintégré leurs pelures, et demi-satisfaits d’une demi-victoire dans laquelle on n’avait pas fait de prisonniers, s’échelonnaient du haut en bas en quatre ou cinq groupes pour rappeler les trois éclaireurs aux prises avec Bédouin.

— Il me le paiera celui-là ! faisait Lebrac, oui, il me le paiera. C’est pas la première fois que ça lui arrive de chercher à me faire des misères. Ça ne peut pas se passer comme ça, ou ben y aurait pus de bon Dieu, pus de justice, pus rien ! Ah ! non ! nom de Dieu, non ! ça ne se passera pas comme ça !

Et le cerveau de Lebrac ruminait une vengeance compliquée et terrible, et ses camarades, eux aussi, réfléchissaient profondément.

— Dis donc, Lebrac, proposa Tintin, il y a ses pommes au vieux, si on allait un peu lui caresser ses arbres à coups « d’avarchots »[1], pendant qu’il nous cherche à Chasalans, hein ! qu’en dis-tu ?

— Et lui faire sauter son carré de choux, compléta Tigibus.

— Lui casser ses carreaux ! fit Guerreuillas.

— Ça, c’est des idées ! convint Lebrac qui, lui aussi, avait la sienne ; mais attendons les autres.

  1. Bout de bois qu’on lance pour faire tomber les fruits.