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PENSÉES DE MARC-AURÈLE

sement la vérité dans tes moindres paroles, tu vivras bien[1]. Or, personne ne peut t’en empêcher.

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De même que les médecins ont toujours à leur portée des appareils et des instruments pour les interventions subites, de même aie toujours à ta disposition les dogmes[2] pour connaître les choses divines et humaines et accomplir tes moindres actes en te rappelant le lien qui les unit les unes[3] aux autres. Tu ne mèneras à bien aucune affaire humaine sans la rapporter aux choses divines[4], et réciproquement.

14

Ne te disperse plus ; tu n’auras le temps de lire[5] ni tes propres mémoires, ni l’histoire de l’ancienne Rome et de la Grèce, ni les extraits d’auteurs que tu avais réservés pour ta vieillesse : hâte-toi donc vers le but, renonce aux vaines espérances ; aide-toi toi-même si tu as souci de toi, tandis que tu le peux encore.

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On ne sait pas [tout] ce que signifient les verbes voler, semer, acheter, être en repos[6], voir ce qu’il faut faire ; ce n’est pas avec les yeux mais avec une autre vue que l’on s’en rend compte.

16

Corps, âme, raison[7] : au corps les sensations[8], à l’âme ses

  1. [Définition du κατόρθωμα. Comment ce mot ne se rencontre-t-il pas dans les Pensées ? Cf. III, 1, en note ; III, 16, note finale.]
  2. [Couat : « les jugements qui te permettent de connaître ; » et : « ta doctrine. »]
  3. [Couat : « les uns. » — Le lapsus est évident.]
  4. Var. : « Tu ne feras bien rien de ce qui touche aux hommes sans le rapporter à Dieu. »]
  5. [Cf. supra II, 2, et la 1re note (p. 19, n. 3).]
  6. [Voir dans Zeller (Phil. der Gr., III3, p.115, note 2) un sens proprement stoïcien du verbe ἡσυχάζειν dans l’expression λόγος ἡσυχάζων.]
  7. [Voir cette note à la suite des Pensées, où nous avons dû la rapporter.]
  8. [Sur l’attribution, constante dans les Pensées, de la sensation au corps, cf. infra V, 26, avant-dernière note.]