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sens. Au contraire, la pensée tend naturellement vers ce qui est de même origine qu’elle, et s’y attache, sans que cette sympathie et cette union rencontrent aucun obstacle.

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Que demandes-tu ? Prolonger ta vie ? Tu demandes donc de sentir, de désirer, de grandir, puis de dégénérer, de parler, de penser ? Qu’y a-t-il dans tout cela qui paraisse désirable ? S’il est facile de mépriser chacun de ces [prétendus] avantages, cherche donc le bien suprême, qui est de suivre la raison et Dieu. Mais il est contradictoire de mépriser ces choses et de gémir lorsque la mort nous en prive.

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Quelle faible partie de la durée infinie et insondable a été attribuée à chacun de nous! Elle s’évanouit bien vite dans l’éternité. Et quelle petite partie de toute la matière ! Et quelle petite partie de l’âme universelle! Et sur quel grain de la terre tout entière rampent tes pas ! Réfléchis à tout cela, et ne t’imagine pas qu’il y ait rien de grand, si ce n’est d’agir suivant ta nature et de supporter ce que t’apporte la nature universelle.


Sur le sens de auvé^eiv, cf. supra VI, i4, 2" note, fin. En général, ce verbe est employé dans la définition des êtres individuels; mais, ici, Marc-Aurèle ne considère qu’un seul vivant, le monde.]

i. [Il va ici une inexactitude, qu’on ne pense pas d’abord à reprocher à l’auteur, parce que, pour nous, il est établi que l’ascension des vapeurs dans l’air plus lourd est encore un effet de la pesanteur. Pour Marc-Aurèle, la force ascensionnelle des gaz est distincte de la pesanteur, à laquelle sont soumis les solides et les liquides (supra X, 26, fin; XI, 20, début). Il aurait donc dû les nommer ici toutes les deux.]

2. [Couat: «cette tendance à la solidarité.» — L’expression xoivwvixôv kâOo; est évidemment synonyme du mot au|ikaOe!a, employé et défini dans une pensée qu’il faut rapprocher de celle-ci (IX, 9, 6" note.]

3. [tô a-lOi;. M. Rendall (Journ. of Phil., XXIII, p. 160), qui corrige X^eiv en Xéyeiv, prétend retrouver ici l’énumération de toutes les facultés, sauf la «raison séminale» (cf. supra, p. 56, en note). Cette seule omission serait bien surprenante, et le rapprochement de Myeiv et de pwjr) yor^Oai, quel que soit d’ailleurs le sens de Xéyeiv, me semble inadmissible. Je garde donc Xr,yeiv, en avouant qu’on ne peut guère le comprendre sans en détourner légèrement le sens.]

li. [La liberté. Cf. supra VII, 67, derniers mots, et les autres textes cités dans la note correspondante.|

5. [Couat : « ces biens. » — En écrivant ici le verbe « mépriser », M. Couat indique qu’il a lu siTi|iïv, et non ti|Tïv. Cette belle conjecture lève toutes les difficultés du passage. II était invraisemblable que les pronoms TaûTa et aÛTùv exprimassent deux choses différentes.]

6. [Cf. supra IV 3 V, 24; VI, 36, etc.]

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Comment se comporte le princ