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propos de chacune d’elles : « Cette représentation n’est point nécessaire ; celle-ci contribue à rompre l’accord universel ; cette autre ne vient pas de toi ; or, regarde comme tout à fait absurde de dire ce que tu ne penses pas. » A propos de la quatrième, tu te reprocheras de subordonner et d’asservir la partie la plus divine de toi-même à la partie mortelle et la moins noble, au corps, et à ses émotions, rudes ou douces.

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Ton souffle et tout ce qu’il y à d’igné en toi qui s’y mêle, quoique faits par la nature pour s’élever, obéissent cependant à la structure de tout ton être et y demeurent, retenus dans l’agrégat. De même, tout ce qui est terrestre en toi, comme tout ce qui est humide, quoique fait pour descendre, se redresse cependant et se maintient dans une place qui ne lui est pas naturelle. Ainsi les éléments se conforment à la loi de l’ensemble dont ils font partie et où ils ont été placés, et ils sont forcés d’y rester jusqu’à ce que le signal [du départ et] de la dissolution leur soit donné. N’est-il donc pas étrange que


i. [Couat :«ce concept. » — Sur le sens de çivTasu-», cf. supra, page 4i, note 2.] 2. [Cf. supra IV, 24.]

3. [Couat: « et à ses apparences grossières. » — Le texte ainsi traduit— Toù; Tootou na^n’ai; i3éai; — me parait absurde: la traduction, il faut l’avouer, n’est pas très claire. Aucune des conjectures qui ont été proposées ne me satisfait. ’HSovaî;, pour îSsou;, est déjà dans la vulgate. Mais l’épithète de nayeîai; ne convient guère à ce mot. La lecture de Nauck, ppa^eîai; îjSovaî;, ne rappelle plus que de très loin la leçon des manuscrits. Supposant la chute d’un mot final, et une déformation légère de ceux qui devaient le précéder dans l’archétype, j’écrirais: Toiî; Tootou Tpa^eiai; T\ Xeiai; xivVjaeai. Cette expression est usuelle dans les Pensées pour désigner les sensations.]

4. [Couat: «contenus par l’ensemble de l’organisme.»—Les mots im Tou auyxpi’|iaTo; qui achèvent la phrase grecque répètent la même idée qu’exprimaient, deux lignes plus haut, les mots ôaov èyxéxpaTai. Pour Marc-Aurèle, comme pour tous les Stoïciens, l’homme est un mélange (Stobée, Ed., I, 874; cf. Zeller, Phil. der Gr., IIP, p. 196, n. i.]

5. [J’ai dû ajouter les mots « du départ » pour traduire èxeiOev. J’imagine que To èvSôai|iov (de èvSiSôvai, se laisser aller) devait désigner pour les Grecs l’air de: « Rompez vos rangs. » — Je maintiens contre Pierron et M. Michaut la traduction donnée par M. Couat de l’expression aùv pi’a, « de force. » Il est impossible de confondre pi’* avec 3ûva|ii;, et, puisque ce mot n’a pas été déterminé par un article, de le sous-entendre comme un sujet à côté de a n\ir^. (Traduction de M. Michaut: « ils y restent avec la force qui les retient, jusqu’à ce que d’elle leur vienne le signal de la dissolution. ») En réalité, ari\iahu>, comme aaXm’ïw, comme tous les verbes grecs qui indiquent un signal ou une sonnerie militaire, se passe de sujet; ou plutôt le sujet de ces verbes, qui n’est autre que leur participe présent, ne s’exprime pas. Cf. Xénophon, Anabase, I, 2, 17 : ènei iai’kmyïz, c’est-à-dire inù 0 aaXm^u>t iaôlmy^z, «après la sonnerie de la trompette;» Hérodote, IX, !i2: èaï)|ii.aive, c’est-à-dire ù sri]iai’vu>v ëar,|iaive, « le signal était donné. »]