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montrant qu’ils sont dans l’ordre de la nature et leur enseignant à ne pas s’affliger, quand ils avaient lieu sur une scène plus grande, des événements qui les avaient intéressés sur celle du théâtre. On voit, en effet, que les choses ne doivent pas se passer autrement et que ceux mêmes qui s’écrient : « O Cithéron ! » n’échappent pas à cette loi. Les auteurs de ces drames y expriment aussi certaines vérités utiles, comme celle-ci surtout : « Si les Dieux me négligent, moi et mes [deux] enfants, leur négligence même a une raison. » — Et encore: « Il ne faut pas s’irriter contre les choses. » — Et : « Moissonnez la vie comme l’épi fécond». » — Et d’autres semblables.

Après la tragédie, parut l’ancienne comédie, capable, par sa franchise, de faire utilement la leçon aux hommes et de les rappeler à la modestie par la liberté [même] de son langage. Ce n’est pas pour autre chose que Diogène la lui emprunta.

Considère pourquoi l’on a ensuite adopté ce qu’on appelle la comédie moyenne et, en dernier lieu, la nouvelle, qui peu à peu dégénéra en une imitation adroite de la réalité. Je n’ignore pas qu’il s’y trouve aussi quelques bonnes choses. Mais que voulaient, en définitive, quel but s’étaient proposé les poètes qui ont créé un tel genre de composition dramatique ?

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Comme il tombe clairement sous le sens qu’il n’y a pas de


i. [Couat : «qu’ils n’avaient pas pu ne pas se produire.» — Voir la note précédente.]

2. [Aucune traduction française n’est ici fidèle au texte : of;..- i]ju^ayCoyeise. On a pu s’étonner de voir Marc-Aurèle employer la seconde personne du pluriel, comme s’il n’avait pas écrit cette pensée «pour lui-même» et lui seul, mais l’avait destinée à la lecture (Rendall, Journ. ofPhil., XXIII, p. i56).]

3. [Les manuscrits donnent en cet endroit un texte altéré: xai 5ti... Toutoi; Ut| ayflzisfe ou ôr/OsaOai. Le sens ne varie pas, quelque restitution qu’on adopte, celle de Reiske, xai ônw;... \ii\ ayfirpbz, ou celle de M. Rendall, iôaTe... |ir, avOeaOai, ou celle de M. Stich, xa\ ôti... |ar, a^OesOai Seî. J’hésite, d’ailleurs, — autant que M. Polak (Hermès, XXI, p. 347), ~ a souscrire à cette dernière, à cause de la négation, qui, devant ô*eî, devrait être où.]

4. [C’est-à-dire les plus grands, comme Œdipe (Sophocle, Œd.-R., i3gi).]

5. [Cf. supra VII, 4i; VII, 38, et VII, 4o.]

6. [Le mot Toiuti ne se retrouve pas dans tout le reste des Pensées. Il est ici plus que suspect. M. Couat a traduit la correction de Reiske, Togûtyiv napeXâ|iëave.]

7. [Couat: «mais quel était, en définitive, le but des poètes...» — J’ai tâché de traduire le mot èmëoXV), qui, dans Stobée (Ed., II, 164), est défini ôp|ir, npô ôp|ir,; (littéralement: « le premier mouvement » ou « le premier dessein »), et qui, étant ici suivi des mots npô; ti’va .nati axonov ànéëXe^e, ne saurait presque rien ajouter au sens de la phrase. Voir un pléonasme analogue, supra VII, 4 (note 3).]