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BIBLIOTHÈQUE DES UNIVERSITÉS DU MIDI

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Le bien et le mal de l’être raisonnable et sociable résident dans son activité et non dans sa sensibilité, de même que dans son activité et non dans sa sensibilité résident ses vices et ses vertus.

17

Lancez une pierre ; elle ne sent pas plus de mal à tomber que de bien à monter[1].

18

Pénètre dans leur[2] for intérieur[3], et tu verras quels juges tu redoutes, et comment ils se jugent eux-mêmes.

19

Tout est dans un changement continuel. Toi-même tu ne cesses pas de changer[4] et de mourir par quelque côté ; il en est de même de l’univers tout entier.

20

Il faut laisser là[5] les fautes des autres.

21

La fin d’une action, le repos et pour ainsi dire la mort d’un désir et d’un jugement ne sont point un mal. Repasse maintenant la suite des âges de la vie, l’enfance, l’adolescence, la jeunesse, la vieillesse ; tous les changements[6] de l’un à l’autre sont autant de morts. Y a-t-il là rien de terrible ? Repasse maintenant la vie que tu menais avec ton grand-père, puis avec ta mère, ensuite avec ton père ; enfin, après avoir découvert en toi bien d’autres différences, et d’autres changements,

  1. [Cf. supra VIII, 20.]
  2. [Cf. supra IV, 16 ; IV, 38 ; VI, 6 ; VI, 50 ; VII, 34, et les notes.]
  3. [Cf. supra VIII, 61, et la note.]
  4. [M. Couat traduit par un même mot les deux mots grecs μεταϐολῇ et ἀλλοιώσει : et en effet ils semblent être ici rigoureusement synonymes. On les retrouvera encore associés à la dernière phrase de l’article IX, 29. Voir supra IV, 3, note finale, le sens propre d’ἀλλοίωσις.]
  5. [C’est-à-dire « là où elles sont ». — Cf. supra VII, 29, dernière phrase.]
  6. [Cf. supra IX, 19 ; infra X, 7, etc.]