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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

ment égal[1] d’accomplir un nombre plus grand ou un nombre moindre d’actions conformes à la droite raison ; quand on ne met nul intérêt à voir le monde[2] plus ou moins longtemps ; quand le cœur est ainsi disposé, la mort n’a plus rien qui puisse nous inspirer de crainte[3].

XXXVI

Ô homme, tu as été le citoyen de cette grande cité[4] ; que t’importe de l’avoir été cinq ans, ou seulement trois[5] ? La règle qui est conforme aux lois est égale pour tous. Dès lors, quel mal y a-t-il à ce que tu sortes de la cité, d’où t’éloigne

    ciens, tout vient à son temps, puisque tout est réglé par la Providence, comme Marc-Aurèle l’a si souvent répété.

  1. Parfaitement égal. L’essentiel, pour nous, c’est de pratiquer le bien tant que nous sommes de ce monde ; mais la durée de notre existence dépend de Dieu seul. C’est en ce sens que Marc-Aurèle peut dire qu’il est indifférent de faire plus ou moins de bonnes actions ; l’homme de bien en fait d’autant plus qu’il vit plus longtemps.
  2. Nul intérêt à voir le monde. Parce qu’on croit, comme Marc-Aurèle, que tout se répète dans le monde avec une complète uniformité.
  3. La mort n’a plus rien qui puisse nous inspirer de crainte. Marc-Aurèle n’ajoute pas une raison plus forte encore que toutes celles qui précèdent : la croyance à l’autre vie et à l’immortalité.
  4. De cette grande cité. La cité du monde, dont l’homme fait d’autant mieux partie qu’il la comprend mieux.
  5. Cinq ans, ou seulement trois. Ces nombres se rapportent aux cinq