Page:Pensées de Marc-Aurèle, trad. Barthélemy-Saint-Hilaire.djvu/477

Cette page a été validée par deux contributeurs.
455
LIVRE XII, § XXVI.

toujours passager : « Voilà donc les objets de notre orgueil ! »

XXV

Mets de côté l’idée que tu te fais des choses[1], et te voilà sauvé. Et qui peut t’empêcher encore de la mettre de côté ?

XXVI

Quand tu ressens de la peine à supporter ce qui t’arrive, c’est que tu oublies que tout sans exception se produit selon les lois de la nature universelle[2] ; que la faute est ailleurs qu’en elle[3] ; tu oublies en outre que ce qui se passe aujourd’hui s’est toujours passé[4] comme tu le vois, se passera toujours de même, se passe ainsi partout à cette heure ; tu oublies que l’homme est uni à tout le genre humain par une parenté étroite, qui

  1. L’idée que tu te fais des choses. Voir un peu plus haut, § 22, la même pensée.
  2. Selon les lois de la nature universelle. Pour le développement de cette grande pensée, voir plus haut, liv. V, §§ 8 et 10.
  3. Que la faute est ailleurs qu’en elle. Je préfère ce sens, bien que quelques traducteurs aient compris ce passage autrement : « Que la faute est étrangère à toi ».
  4. S’est toujours passé. Cette uniformité des choses est réelle ; mais elle n’est pas aussi complète que la fait Marc-Aurèle. Voir plus haut,