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LIVRE X, § XXIV.

qu’est la campagne. Sache bien aussi que les choses y sont tout à fait identiques à ce qu’elles sont au sommet des montagnes, sur le rivage des mers, en un mot, partout où tu voudras. Tu pourras voir combien est vrai ce que dit Platon dans ce passage : « Les rois ne sont ni moins grossiers[1] ni moins ignorants que des pâtres, à cause du peu de loisir qu’ils ont de s’instruire, renfermés entre des murailles, comme dans un parc sur une montagne… »

XXIV

Dans quel état est en moi[2] la faculté qui doit me conduire ? Qu’est-ce que j’en fais en ce moment même ? À quel usage est-ce que je l’applique maintenant ? Est-elle dénuée de raison ? Ne s’est-elle pas isolée et arrachée de la[3] commu-

    précise qu’elle n’est dans le texte ; et le sens que je donne me paraît plus d’accord avec ce qui suit. La Ville est opposée à la Campagne.

  1. Les rois ne sont ni moins grossiers… On voit que Marc-Aurèle ne se fait pas la moindre illusion sur les grandeurs et les magnificences qui l’entourent. Il sait bien qu’elles n’ajoutent rien à sa valeur personnelle. Le passage de Platon est tiré du Théétète, p. 130, traduction de M. V. Cousin.
  2. Dans quel état est en moi. C’est comme un examen de conscience, que la philosophie recommande aussi bien que la religion. C’est l’antique précepte de l’oracle de Delphes, que Socrate s’était approprié : « Connais-toi toi-même. »
  3. De la