Page:Pensées de Marc-Aurèle, trad. Barthélemy-Saint-Hilaire.djvu/369

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
347
LIVRE IX, § XLI.

traire, prie-les en disant : « Faites, ô Dieux, que je ne désire pas d’être délivré de ce fléau. » Un troisième s’écriera : « Faites, ô Dieux, que je ne perde pas mon enfant. » Toi, prie-les en leur disant : « Faites, ô Dieux, que je ne craigne pas de le perdre. » C’est en ce sens que tu dois diriger le cours de tes prières[1], et tu vois ensuite venir les choses.

XLI

Épicure a dit[2] : « Quand j’étais indisposé, je ne mettais jamais la conversation sur mon mal ; et je me gardais d’en souffler mot à ceux qui venaient chez moi. Mais je poursuivais l’entretien commencé sur les principes de la nature ; et je m’appliquais uniquement à ce que l’âme, qui participe cependant à ces émotions[3] poi-

    babilité que Marc-Aurèle ait jamais connu l’Évangile.

  1. C’est en ce sens que tu dois diriger le cours de tes prières. La pureté de l’âme ne peut aller au delà. Sénèque a dit : « Je ne suis en rien contraint ; je n’endure rien malgré moi ; je n’obéis point à Dieu en esclave ; je suis d’accord avec lui ; et cela d’autant mieux que je sais que tout est décidé par une loi immuable, écrite de toute éternité. » De la Providence, ch. V.
  2. Épicure a dit. On peut croire que cette citation d’Épicure est textuelle, et elle lui fait le plus grand honneur. La pensée est digne du Stoïcisme le plus éclairé et le plus sage ; et il peut la recevoir de la main d’un antagoniste.
  3. Ces émotions poignan-