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LIVRE IX, § XXXVIII.

quoi te troubler ainsi ? Qu’y a-t-il de nouveau dans les choses ? Qui te met hors de toi ? T’en prends-tu à la cause même[1], à laquelle tu rapportes ton agitation ? Regarde-la en face[2]. Est-ce à la matière ? Regarde-la avec une égale fermeté. En dehors de la matière et de la cause, il n’y a rien. Tâche donc enfin de devenir, sous l’œil des Dieux[3], plus simple et meilleur que tu n’es. Se dire tout cela et voir tout cela pendant cent années ou pendant trois ans, c’est bien toujours la même chose[4].

XXXVIII

Si cette personne a commis une faute, c’est un mal pour elle[5] ; mais peut-être n’a-t-elle pas commis la faute[6] qu’on lui impute.

    mot dont se sert le texte. Voir plus haut, livre VII, § 43.

  1. À la cause même. C’est-à-dire, à la Providence.
  2. Regarde-la en face. L’expression est incomplète ; mais si l’homme regarde à la cause universelle et à la Providence divine, c’est pour la remercier et la bénir, comme Marc-Aurèle l’a toujours recommandé et toujours fait.
  3. Sous l’œil des Dieux. On ne saurait vivre mieux.
  4. C’est bien toujours la même chose. Voir plus haut, liv. VI, § 37, et la note.
  5. C’est un mal pour elle. Voir plus haut, dans ce livre, § 4, et liv. VIII, §§ 55 et 56.
  6. Peut-être n’a-t-elle pas commis la faute. Indulgence et charité envers son prochain ; ne pas croire au mal légèrement et par simple malveillance ; vérifier des accusations qui peuvent être injustes.