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LIVRE IX, § XXVIII.

songes, et par la divination, afin qu’ils acquièrent précisément tout ce qui fait l’objet de leurs vœux[1].

XXVIII

Les choses de ce monde roulent toujours, en haut, en bas, dans le même cercle[2], qu’elles parcourent perpétuellement d’âge en âge. Ou bien, l’intelligence universelle s’occupe de chacune d’elles spécialement ; et alors, si cela est, tu dois adorer ce qu’elle a réglé[3] elle-même ; ou bien, elle s’est contentée de donner une première impulsion[4], à laquelle toutes choses obéissent les unes à la suite des autres ; ou bien enfin, il n’y a que des

    moyen.

  1. L’objet de leurs vœux. C’est-à-dire, santé, richesse, gloire, comme il est dit plus haut, § 21.
  2. Dans le même cercle. Plusieurs fois déjà Marc-Aurèle est revenu sur cette uniformité et cette monotonie des choses. Voir plus haut, liv. II, § 14, et liv. VII, § 1. Cette idée est juste si on la prend d’une manière générale ; elle ne l’est plus si l’on veut la pousser trop loin. En dépit de Marc-Aurèle et aussi de l’Ecclésiaste, il y a tous les jours quelque chose de nouveau sous le soleil, quoiqu’il y ait un certain fond qui subsiste et est immuable.
  3. Tu dois adorer ce qu’elle a réglé. C’est le parti que Marc-Aurèle a pris lui-même dans la vie, et la confiance absolue en Dieu est la première de ses vertus.
  4. Une première impulsion. Voir plus haut, liv. VII, § 75. C’est là d’ailleurs une question qui est surtout théorique ; et soit que Dieu agisse d’une façon continue, soit qu’il n’ait agi qu’à l’origine, le monde n’en est pas moins dirigé par sa providence et