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LIVRE VIII, § XXXIV.

tances données, tu substitues aussitôt une action nouvelle[1] à la première, et tu trouves un aide énergique pour la disposition que je viens de te recommander[2].

XXXIII

Recevoir les choses sans vain orgueil ; et les perdre[3] sans y faire aucune difficulté.

XXXIV

Si jamais tu as eu l’occasion de voir une main, un pied, ou une tête coupés[4], et qui gisaient séparés du reste du corps, tu peux te dire que c’est là une image de ce que fait l’homme, pour lui-

  1. Une action nouvelle. La tienne propre, qui relève de toi seul, au lieu de l’action étrangère, qui peut relever d’une foule de causes, qui sont toutes hors de notre portée.
  2. Que je viens de te recommander. Le texte n’est peut-être pas aussi précis. Voir plus bas, § 32, et plus haut, liv. IV, § 1.
  3. Recevoir les choses… les perdre. Je n’ai pas voulu rendre cette pensée avec plus de précision ; le texte est très-concis ; et sans qu’il s’exprime assez clairement, il est possible qu’il s’agisse ici de la vie et de la mort. Jouis de l’une sans excès, et accepte l’autre sans murmure.
  4. Une main, un pied ou une tête coupés. Image qui, au premier abord, ne laisse pas que de faire une singulière impression ; mais ce spectacle de corps mutilés et de carnages devait se renouveler assez souvent dans une existence toute militaire