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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

coin de cette région de la terre où nous sommes. Et encore, dans ce coin même, tous ne s’entendent pas entre eux ; et il n’y a pas même un individu qui s’entende avec lui-même ! Et la terre tout entière n’est qu’un point dans l’univers[1] !

XXII

Applique bien ton attention[2] à l’objet qui t’occupe, au jugement que tu en portes, à l’acte qui est la suite de ce jugement, et aux paroles qui te servent pour l’exprimer. Tu as bien raison d’apporter tant de soin à tout cela ; car c’est aujour-

    § 35, la même pensée ; voir surtout liv. III, § 10, et liv. IV, § 3.

  1. N’est qu’un point dans l’univers. On pouvait déjà faire cette très-juste remarque du temps de Marc-Aurèle ; mais à combien plus forte raison ne peut-on pas la faire aujourd’hui ! Notre terre se réduit chaque jour de toute l’immensité que nos sciences découvrent et agrandissent chaque jour dans l’univers. Notre terre ne perd rien pour cela de son importance relativement à nous ; mais elle en perd sans cesse relativement à l’ensemble dont elle fait partie. Voir plus haut, liv. VI, § 36.
  2. Applique bien ton attention. Conseils excellents qui sont toujours de mise et dont chacun de nous peut faire l’application. Aucune école n’y a insisté plus que l’école stoïcienne. Mais ces conseils sont peut-être plus difficiles à observer de nos jours, où les devoirs de la société et la multiplicité des affaires nous laissent si peu de temps pour nous recueillir et nous observer nous-mêmes. Voir plus haut, liv. VII, § 30.