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LIVRE VII, § LXXIII.

LXXI

Il est assez plaisant[1] de ne pas songer à corriger ses propres vices, ce qui est possible cependant, et de prétendre corriger ceux d’autrui, ce qui est absolument impossible.

LXXII

Quand la faculté qui comprend en nous les lois de la raison et de la société, juge qu’une chose n’est ni sensée[2] ni utile au bien commun[3], elle est en droit de la rejeter comme indigne de son attention.

LXXIII

Quand tu as rendu service à quelqu’un[4] et qu’on a profité de ce service, pourquoi cherches-tu en-

  1. Il est assez plaisant. Cette maxime est la suite de la précédente et n’est pas moins juste. Il est bien peu sage en effet de tenter ce qu’on ne peut pas, lorsqu’on néglige ce qu’on pourrait faire si aisément. Voir plus loin, liv. XI, § 18.
  2. N’est ni sensée. Voilà pour l’individu même.
  3. Ni utile au bien commun. Voilà pour la société où il vit, et où la providence des Dieux l’a fait naître. Voir plus haut, liv. III, § 6, un développement superbe de cette même pensée, exposée ici d’une façon plus concise.
  4. Quand tu as rendu service à quelqu’un. C’est là une