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LIVRE VII, § LX.

LIX

Regarde au dedans de toi[1] ; c’est au dedans qu’est la source du bien[2], laquelle peut s’épancher à jamais, si tu sais à jamais la creuser et l’approfondir.

LX

Le corps doit, lui aussi, se ranger[3] et n’avoir rien de désordonné, ni dans son mouvement, ni dans son maintien. Puisque la pensée se manifeste jusqu’à un certain point sur le visage, en lui appliquant un cachet d’intelligence et de calme, il faut exiger du corps tout entier la même doci-

  1. Regarde au dedans de toi. Sous une autre forme, c’est l’axiome de la sagesse antique : « Connais-toi toi-même ».
  2. La source du bien. C’est l’expression même du texte. Le bien est évidemment en nous, en ce sens que nous ne pouvons le connaître que par la raison dont nous sommes doués. La réflexion éclaircit et soutient tout à la fois la raison et la conduite qu’elle nous dicte.
  3. Le corps doit, lui aussi, se ranger. Ce n’est ici qu’une maxime secondaire, si l’on veut ; mais elle n’est pas sans importance ; la discipline du corps suit assez naturellement celle de l’âme, par cela même que le corps et l’âme sont étroitement unis. Cette surveillance sur l’extérieur n’était pas inutile à rappeler même aux philosophes ; car dans l’école Cynique, par exemple, elle avait été singulièrement négligée ; et même l’école Stoïcienne n’en avait pas toujours pris un soin suffisant.