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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

XXIX

Efface les trop vives couleurs[1] des impressions sensibles ; apaise l’excitation de tes nerfs ; borne-toi au moment actuel de la durée ; rends-toi bien compte de ce qui arrive, soit à toi, soit à un autre de tes semblables. Partage et analyse[2] l’objet qui t’occupe, pour y bien distinguer la cause et la matière. Pense souvent à l’heure suprême[3]. Laisse la faute à qui l’a commise, dans les conditions où il a pu la commettre.

XXX

Prêter toute son attention à ce qu’on nous dit[4] ; et faire pénétrer son intelligence dans les

  1. Efface les trop vives couleurs. J’ai dû ici paraphraser un peu le texte, pour rendre toute la force de l’expression dont il se sert.
  2. Partage et analyse. Voir cette pensée plus développée, liv. III, § 11 ; voir aussi la fin du § 21 du liv. IV.
  3. Pense souvent à l’heure suprême. C’est aussi l’avertissement des Chartreux ; seulement les Chartreux sont dans une profonde retraite, tandis que Marc-Aurèle reste dans le monde des affaires et ne conseille à personne de s’en isoler complètement.
  4. Prêter toute son attention à ce qu’on nous dit. Recommandation excellente, surtout pour les hommes d’État, chargés de grandes fonctions qui exigent les relations les plus nombreuses, mais applicable également pour chacun de nous, quelque modeste que soit la sphère où nous sommes pla-