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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

tion avec quelque autre objet. Les choses sont toutes coordonnées ; et elles contribuent au bon ordre du même monde. Dans son unité, ce monde renferme tous les êtres sans exception ; Dieu, qui est partout, est un[1] ; la substance est une ; la loi est une également ; la raison, qui a été donnée à tous les êtres intelligents, leur est commune ; enfin la vérité est une, de même qu’il n’y a qu’une seule et unique perfection pour tous les êtres d’espèce pareille, et pour tous ceux qui participent à la même raison.

X

Tout ce qui est matériel[2] disparaît en un instant dans la substance universelle ; toute cause[3] rentre

  1. Dieu, qui est partout, est un. L’unité de Dieu et l’unité systématique du monde ne peut être plus complètement affirmée. C’est le résultat dernier de la doctrine stoïcienne. Notre mot d’univers ne signifie pas autre chose ; le mot de Cosmos en grec a encore un sens plus précis, puisqu’il n’implique pas seulement l’idée d’unité, mais qu’il implique éminemment l’idée d’ordre et de perfection.
  2. Tout en qui est matériel. C’est l’expression même du texte, et elle est, encore plus forte, s’il est possible.
  3. Toute cause. Il n’est pas certain que Marc-Aurèle comprenne dans cette formule générale la cause volontaire et libre que nous sommes. Mais on ne saurait affirmer non plus qu’il fasse une exception pour la personnalité humaine, et qu’il ne l’absorbe pas « dans la raison qui gouverne le monde ».