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LIVRE VII, § V.

tant valent les choses auxquelles il donne ses soins.

IV

S’il s’agit d’un discours, il faut regarder à chaque mot ; s’il est question d’un acte, il faut regarder à l’intention[1]. Dans ce dernier cas, il importe tout d’abord d’apprécier le but que l’agent poursuivait, de même que, dans l’autre, il ne faut apprécier que l’expression dont on s’est servi.

V

Mon intelligence suffit-elle, ou ne suffit-elle pas pour faire une chose que je désire ? Si elle suffit, je m’en sers pour accomplir mon œuvre, comme d’un instrument que m’a donné la nature qui régit l’univers[2]. Si mon intelligence à elle seule ne suffit point, ou je m’en remets du travail sur quelqu’un qui peut l’exécuter mieux que moi, à moins que ce ne soit mon devoir de le faire personnellement ; ou bien, je le fais dans la

  1. Il faut regarder à l’intention. Le texte n’est pas tout à fait aussi formel ; mais la phrase qui suit me semble déterminer nettement ce sens.
  2. La nature qui régit l’univers. En d’autres termes, Dieu