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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

tain moment, puis le rendre un moment après, c’est ce que nous faisons continuellement ; et cette fonction peut nous donner une idée assez exacte de ce que nous ferons un jour en rendant la totalité de cette faculté respiratrice, et en la restituant à la source[1] d’où nous l’avons tirée pour la première fois, il n’y a qu’un instant.

XVI

C’est assez peu de chose d’estimable que de transpirer comme le font les plantes[2] ; de respirer comme le font les animaux domestiques ou sauvages ; ce n’est pas beaucoup plus de pouvoir imprimer en son esprit les images des choses, et de pouvoir faire obéir ses nerfs à ses instincts ; ce n’est pas non plus merveille de vivre en société ni de préparer ses aliments ; car tout cela vaut à peu près la fonction du corps qui excrète le résidu de la nourriture qu’on a prise. Qu’y

    en effet, que ce que dit Marc-Aurèle.

  1. En la restituant à la source. Ceci n’implique pas nécessairement la destruction de l’âme ; mais c’est bien, en effet, la destruction de notre corps.
  2. Transpirer comme le font les plantes. C’est peut-être l’observation la plus ancienne qu’on puisse citer de la respiration des plantes. Il est clair, d’ailleurs, que cette opinion devait être fort répandue parmi les savants pour que Marc-