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LIVRE VI, § XIV.

mettre à nu[1], et les considérer dans toute leur simplicité et leur faiblesse, en les dépouillant du prestige vain dont les entoure tout ce qu’on en dit. Ce faste orgueilleux[2] est un imposteur bien dangereux ; et le piège est d’autant plus redoutable que les objets paraissent davantage mériter notre recherche. Enfin rappelle-toi ce que Cratès dit de Xénocrate[3] lui-même.

XIV

Les objets qu’admire la foule[4] sont en général tout ce qu’il y a de plus commun dans le monde, c’est-à-dire des objets qui n’ont pour eux que leur seule façon d’être et ce que les fait la nature, comme par exemple, les pierres, les bois, le figuier, la vigne, l’olivier. Les gens un peu plus

  1. Les mettre à nu. C’est l’expression même du texte ; et, dans ce qui précède, Marc-Aurèle vient de le faire comme il le recommande.
  2. Ce faste orgueilleux. Il ne faut pas perdre de vue que c’est un empereur qui parle.
  3. Ce que Cratès dit de Xénocrate. On ne sait pas à quoi ceci peut faire allusion.
  4. Les objets qu’admire la foule. Marc-Aurèle distingue trois degrés successifs dans l’admiration que les hommes peuvent ressentir pour les objets dont ils sont entourés ou qu’ils observent. Leur admiration peut s’adresser d’abord à des choses inanimées dans la nature, puis à des êtres animés. Des êtres animés, mais qui ne sont que des brutes, on peut passer aux êtres intelligents, appliquant leurs facultés à