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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

II

Ne t’inquiète pas de savoir si tu as chaud, ou froid, quand tu fais ce que tu dois[1] ; si tu as besoin de sommeil, ou si tu as suffisamment dormi ; si l’on te blâme, ou si l’on te loue[2] ; si tu t’exposes à la mort, ou à toute autre épreuve ; car le fait même de mourir n’est qu’une des fonctions de la vie ; et, dans ce cas comme dans tous les autres, il suffit que tu disposes bien du moment où tu es.

III

Regarde le dedans des choses[3] ; et ne te laisse jamais abuser, ni sur leur qualité, ni sur leur mérite.

  1. Quand tu fais ce que tu dois. Il me semble que tout ceci est comme un écho du Criton de Platon. « Il faut souffrir sans murmurer tout ce que la patrie nous commande de souffrir, fût-ce d’être battu ou chargé de chaînes ; si elle nous envoie à la guerre pour y être blessés ou tués, il faut y aller ; le devoir est là, et il n’est permis ni de reculer, ni de lâcher pied, ni de quitter son poste. » Criton, p. 148, traduction de M. V. Cousin.
  2. Si l’on te blâme, ou si l’on te loue. Dans le Criton, Socrate ne fait pas plus de compte de l’opinion vulgaire, quand il s’agit du devoir, Ibid., p. 140.
  3. Le dedans des choses. C’est l’expression même du texte. Cette pensée a été développée tout au long plus haut, liv. III, § 11. Le précepte donné ici est plein de sagesse pratique ; mais