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LIVRE VI


I

La substance de l’univers est docile et maniable. L’intelligence qui la gouverne[1] ne peut trouver en soi aucun motif de mal faire[2], attendu qu’elle n’a aucun vice qui l’y pousse ; elle ne fait rien d’une façon mauvaise ; et rien ne peut éprouver d’elle le moindre dommage, puisque c’est grâce à elle que toute chose se produit ou s’achève.

  1. L’intelligence qui la gouverne. Ici Marc-Aurèle distingue Dieu et le monde aussi nettement que possible, évitant la confusion qu’il a semblé parfois commettre, bien qu’elle ne soit pas le fond de sa pensée. Voir plus haut, liv. V., § 8.
  2. Ne peut trouver en soi aucun motif de mal faire. Dans le Timée, Platon exprime la même pensée : « Disons la cause qui a porté le suprême ordonnateur à produire et à composer cet univers. Il était bon ; et celui qui est bon n’a aucune espèce d’envie… Celui qui est parfait en bonté n’a pu et ne peut rien faire qui ne soit très-bon. » P. 119, traduction de M. V. Cousin. La Bible dit aussi, Genèse, ch. i, verset 31 : « Dieu vit que tout ce qu’il avait fait était excellent. » Cette perfection de Dieu, s’étendant à ses œuvres, est le solide fondement de l’optimisme.