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LIVRE V, § XVIII.

toute évidence que les moins bons sont faits pour les meilleurs, comme les meilleurs sont faits les uns pour les autres ? Or les êtres animés valent mieux que les êtres inanimés ; et les êtres doués de raison valent mieux que les êtres simplement animés.

XVII

C’est une folie de vouloir l’impossible ; or il est bien impossible de toujours empêcher les méchants[1] de faire ce qu’ils font.

XVIII

Jamais on n’éprouve d’accident que la nature ne vous ait mis en état de le supporter[2]. Les mêmes malheurs qui vous atteignent frappent un de vos semblables, qui, soit par ignorance de

  1. Il est bien impossible de toujours empêcher les méchants. Marc-Aurèle a donné antérieurement des motifs plus graves pour tolérer nos semblables, y compris les méchants. Voir plus haut, liv. II, § 1. D’abord, les méchants sont de la même famille que nous, quoi qu’ils fassent ; et plus ils sont coupables, plus ils sont dignes de pitié. En outre, on peut toujours espérer les ramener au bien. Ce sont là autant de motifs de patience et de charité. Voir un peu plus loin, § 20.
  2. Que la nature ne vous ait mis en état de le supporter. On peut voir plus loin, liv. VIII, § 46, et liv. X. § 3, quelques dé-