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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

ce soit au-dessous de ta dignité. Les autres ont leur propre raison qui les conduit, et ils obéissent à leur impulsion propre ; ne regarde donc pas à autrui ; mais suis tout droit ton chemin, en te conformant tout ensemble à ta nature particulière et à la nature commune ; car pour toutes les deux, il n’y a qu’une seule et même voie[1].

IV

Je marche dans les sentiers que me trace la nature[2], jusqu’à ce que je me repose en tombant[3], exhalant mon dernier souffle dans cet élément où je puise à chaque instant le souffle de ma vie, tombant sur cette terre[4] d’où mon père a tiré le germe de mon être, d’où ma mère a tiré son sang, d’où ma nourrice a tiré son lait ; sur cette terre, dont moi-même, depuis tant d’années, je me nourris et m’abreuve chaque jour ; sur cette terre, qui me porte, quand je la parcours et que j’en abuse de tant de façons.

    souvent qu’une faiblesse.

  1. Qu’une seule et même voie. C’est l’idée du bien dans toute sa généralité ; l’individu peut la réaliser en lui, ainsi qu’elle est déjà réalisée dans le monde.
  2. Les sentiers que me trace la nature. En d’autres termes, Dieu.
  3. Je me repose en tombant. Cette expression n’implique ni n’exclut la croyance à une autre vie.
  4. En tombant… tombant sur cette terre. La répétition est dans le texte.