Page:Pensées de Marc-Aurèle, trad. Barthélemy-Saint-Hilaire.djvu/134

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
112
PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

XLV

Toujours les choses qui succèdent à d’autres se rattachent étroitement à ce qui les a précédées. C’est qu’ici il n’en est point comme d’une suite de nombres qui sont isolés entre eux, et qui n’ont chacun que la quantité nécessaire qui les forme. Loin de là, c’est une connexion parfaitement raisonnée ; et de même que toutes les choses qui jouissent d’une existence perpétuelle[1] sont disposées en un ordre harmonieux, de même celles qui se produisent sous nos yeux attestent, non pas seulement une simple succession, mais une sorte de parenté qui les unit merveilleusement entre elles.

XLVI

Se rappeler toujours cette sentence d’Héraclite[2] : « La mort de la terre, c’est de se changer

    de Dieu, doit toujours nous paraître un bienfait, dont nous n’avons qu’à le remercier, loin d’avoir à nous en plaindre.

  1. Qui jouissent d’une existence perpétuelle. Le texte dit simplement : « Qui sont », par opposition aux choses qui se produisent, et qui passent sans être permanentes. La traduction a dû être un peu plus précise que l’original.
  2. Cette sentence d’Héraclite. Si l’on en croit une cita-