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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

rement ordonné ? Et dans l’univers, il y aurait du désordre ! Et cela quand toutes choses sont si bien distinctes les unes des autres, si habilement combinées et si harmonieuses entre elles !

XXVIII

Caractère sombre[1], caractère efféminé, caractère opiniâtre, féroce, puéril, brutal, bouffon, perfide, sacrilége, cupide, tyrannique.

XXIX

Si c’est être étranger au monde que d’ignorer les éléments qui le composent, ce n’est pas l’être moins que d’ignorer ce qui s’y passe. On n’est qu’un fuyard, quand on se soustrait aux lois et à la raison de la cité[2] ; on n’est qu’un aveugle,

    et il y a ici dans la phrase de Marc-Aurèle une sorte de jeu de mots, que notre langue ne peut rendre. Aussi j’ai dû ajouter : « Régulièrement ordonné. » L’argument d’ailleurs est très-fort ; et l’ordre dont l’homme peut être l’auteur, quand il le veut, démontre évidemment l’ordre qui règne dans l’univers. Nous affirmons instinctivement cet ordre, sans qu’il nous soit toujours permis de le comprendre.

  1. Caractère sombre. Ceci semble une note qui attendait une forme définitive, et qui en outre ne tient en rien à ce qui précède, ni à ce qui suit.
  2. La cité. Il s’agit de la cité du monde, dont l’homme fait