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du commencement du dix-neuvième siècle. N’admet- on pas qu’il y a de grands génies, ce qui sous entend qu’il y en a aussi de moindres. Sophie Germain idest pas l’égale de Newton, cependant elle a le caractère primordial du génie, l’originalité.

Au seuil de la jeunesse, en 1703? Sophie Germain, fille d’un commerçant de la rue Saint-Denis, au lieu de sc préoccuper de son visage et de ses toilettes, à la façon des jeunes filles de son âge, cherche par quelle occupation assez prenante elle pourra oublier les événements révolutionnaires qu’elle réprouve. Elle trouve les mathématiques et elle en commence l’etude avec ardeur. Ses parents sont d’abord effrayés de voir leur fille prendre une direction aussi étrange ; ils veulent combattre le développement de ce qu’ils considèrent comme une monstruosité. On prive la jeune fille de lumière, de feu, de livres ; elle cache les livres et se relève la nuit pour travailler dans une chambre où l’encre gèle. Enfin des amis plus éclairés ayant montré aux parents que leur fille, au lieu d’être un monstre, est au contraire une mer¬ veille, on la laisse tranquille • on lui donne même des professeurs.

Cependant les conditions de son éducation restent encore bien loin de valoir celles d’un homme. Jeune garçon, elle serait entrée à l’Ecole Polytechnique qui venait d’être fondée, mais elle n’est qu’une pau¬ vre fille, aussi en est-elle réduite à prendre un loge¬ ment en face de l’école et à se procurer les cours. Heureusement pour elle, elle a de la fortune ; pauvre, son intelligence était infailliblement étouffée, mais elle est aisée, presque riche ; alors on veut bien faire attention à elle. Sous le nom du polytechnicien Le¬ blanc, elle correspond avec Gauss, elle lui soumet