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abstraites, mathématiques et physique ; là encore il est démenti, non par des sujets exceptionnels mais par des milliers de jeunes filles qui apprennent les mathématiques supérieures, la mécanique céleste: l’astronomie, etc., et passent leurs examens, parfois brillamment.

Alors on se rabat sur le don ultime, le génie, et comme la preuve est plus difficile à faire, l’antifé- minisme peut demeurer longtemps dans sa dernière position.

Nous avons essavé de montrer combien l’éclosion et le développement du génie sont choses difficiles dans la société présente pour les hommes. Lorsqu’il s’agit de la femme, il faut multiplier la difficulté par un très grand nombre ; la société tout entière est disposée pour faire d’elle un être banal à cerveau passif. J’ai dit ailleurs[1] comment la psychologie de la petite fille était créée de toutes pièces par les parents et les maîtresses, mais ce qu’on s’évertue avant tout à détruire en l’enfant qui a eu le malheur de naître fille, c’est l’originalité. Lorsque par hasard elle existe, elle apparaît comme une monstruosité et chacun s’applique à la combattre.

Que peut faire une pauvre enfant, même avec des facultés prodigieuses, contre tout le monde ? Elle s’applique à dissimuler ce qu’on lui dit être un dé¬ faut. Elle apprend que les dons de l’esprit sont des anomalies pour une femme ; on la persuade que de longs cheveux bien frisés sont préférables à lotîtes les qualités de l’intelligence, elle finit par devenir la poupée banale qu’on a voulu faire d’elle.

  1. La femme en lutte pour ses droits, Giard et Brière, Paris.