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plein de longueurs ; cependant il a droit au génie parce qu’il est un chef d’école. Rien avant lui de semblable à « Germinal », à « La Terre », à « Pot- Bouille i), etc., œuvres qui incarnent toute une classe de ha société,

La primauté de l’originalité rend possible l’exis¬ tence de génies sans talent. Le talent, c’est îa per¬ fection de la technique ; un esprit original peut être un mauvais technicien, soit parce qu’il manque de dispositions, soit par négligence. Il aura une belle idée qu’il ne réussira pas à bien présenter. Souvent, les génies de cet ordre sont méconnus et après eux vient un homme de talent, qui donne aux idées la forme convenable et accapare toute la gloire. Durand de Gros fut un génie méconnu, son œuvre fourmille d’idées développées après lui par d’autres. Fout Auguste Comte est dans Saint-Simon, la classification des sciences, la loi des trois états, etc., et cependant Saint-Simon est presque oublié, A vrai dire Auguste. Comte a eu plus que du talent, il a donné aux idées de son maître un développement tel que son œuvre doit être considérée comme originale. Il est com¬ parable à Newton dont la théorie de la gravitation n’a fait, on le sait, que mettre au point les travaux antérieurs des mathématiciens.

Le génie ne peut pas être conçu comme le plus haut degré du talent, c’est quelque chose d’autre et où l’activité cérébrale a une très grande part. C’est pour cela qu’il est de faux génies ; des hommes, par¬ fois très peu intelligents, dont l’esprit est extraor¬ dinairement actif. Ces gens n’acceptent pas d’une manière demi-passive les enseignements des autres, comme le fait le commun des esprits, même élevés. Ils ne peuvent être réceptifs et leur activité débor-