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gagne un demi-million par an est vu d’un œil tout autre.

La société transformée ne connaîtra rien de semblable. Médecins et professeurs seront rétribués par l’Etat, au lieu de former la classe moyenne, ils seront les premiers dans la nation.’ Mais tout en jouissant d’un grand confort matériel, ils n’auront pas ce luxe in¬ sultant qui seul confère le respect dans la société présente. Ce luxe , d’ailleurs, personne en l’aura, pas même les chefs du gouverne¬ ment.

Les concours doivent être maintenus com¬ me un moindre mal ; mais il faut toujours laisser à côté dieux la possibilité pour cer¬ tains savants d’obtenir les emplois auxquels les concours donnent droit, sur la simple présentation de leurs travaux. Il est des hom¬ mes éminents, capables d/oeuvres remarqua¬ bles, qui- répugnent à apprendre des ques¬ tions pour préparer un concours. C’est ainsi que Claude. Bernard fut, dit-on, refusé à Vagrégation do médecine.

Une organisation est tout à fait défectueuse lorsqu’elle ferme à un homme de génie une porte grandement ouverte aux médiocres. Un enseignement, si élevé soit-il, ne peut être organisé pour les hommes de génie, qui sont la très rare exception, mais lorsque le génie se présenté, l’organisation doit, lui permettre de triompher.


IV


Les intellectuels sont les nouveaux pauvres de la guerre. Leur traitement ne s’est pas élevé en proportion du coût de la vie, ce qui fait qu’aujourd’hui beaucoup d’entre eux ne gagnent guère pins (pie les ouvriers. Des jeunes gens sortis de P Broie Polytechnique gagnent six cents francs par mois, alors qu’un receveur de tramway qui sait tout juste lire et écrire débute aujourd’hui a cinq cent quarante francs.