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Tout le fardeau de la reproduction retombe sur la femme. La grossesse traîne après elle un cortège de malaises qui mettent la femme en état d’infériorité ; parfois elle est une véritable maladie.

Trop fréquentes, les maternités vieillissent la femme bien avant l’âge ; le visage se fane, les seins tombent, le ventre couvert de rides et distendu pend sur les jambes comme un tablier, les varices couvrent les membres inférieurs ; l’utérus ne tient plus et apparaît au jour. À cette usure du corps correspond un affaissement de l’intelligence, la femme est finie.

Sans parler des travaux rebutants que seul l’amour maternel permet d’accomplir sans dégoût, la mère doit pour ainsi dire se mettre au niveau de l’enfant très jeune qui est presque un animal ; répéter sempiternellement des phrases monotones pour apaiser ses cris et l’endormir.

L’appréhension de la maternité hors mariage creuse un fossé entre les sexes. L’acte sexuel, sans importance pour l’homme, est toute la vie de la femme. Comme elle y risque beaucoup, elle cherche à le vendre le plus cher possible contre de l’argent ou une situation de femme mariée.

Aussi chaque sexe reste-t-il vis-à-vis de l’autre sur ses gardes ; l’amour est au fond une guerre.

De l’assujettissement maternel, les esprits rétrogrades font un devoir à la femme. Pour eux la femme n’est pas une fin, mais un moyen ; la fin, c’est l’homme. Aussi les religions se sont elles évertuées à enseigner au sexe féminin la passivité ; la femme doit tout subir ; la femme doit tout accepter ; l’homme est son maître et les enfants lui viennent de Dieu.

Les femmes des classes dirigeantes, plus cultivées, malgré une instruction très inférieure à celle des hommes de la même classe, se sont affranchies les premières de la mater-