Page:Pelletier - Oeuvres diverses.pdf/20

Cette page n’a pas encore été corrigée

multiplie, cette masse ; plus elle sera nombreuse, plus le travail sera bon marché ; si elle est en trop grand nombre, on suscitera une guerre et on l’enverra se faire tuer.

Les pauvres heureusement commencent à ne plus vouloir se laisser duper. Ils comprennent encore mal la nécessité d’une transformation sociale, mais le néomalthusianisme, d’effet individuel et immédiat leur est plus accessible. Les classes moyennes, les paysans ont appris à limiter leur fécondité ; les ouvriers les plus éclairés pratiquent aussi la restriction volontaire des naissances.

Seuls persistent dans le lapinisme les ouvriers abêtis d’alcool. Dans les taudis infects les enfants poussent nombreux. La mère surmenée, abrutie, rouée de coups par un mari ivrogne n’a même pas le courage de les laver. Ils grouillent dans les rues étroites, les escaliers sordides ; vêtus de haillons vermineux, les jambes arquées par le rachitisme ; en proie à toutes les tares pathologiques.

Ne pouvant suffire à les nourrir, car l’alcool emporte les gains du père, la mère, prend un masque de fausse humilité et va à la mairie, chez les sœurs quémander la charité : l’ouvrière devient mendiante ; les enfants alimenteront le crime et la prostitution.

Le néomalthusianisme est-il transitoire et le socialisme, s’il parvient à s’instaurer, en marquera-t-il la fin ? certains le prétendent, mais à tort.

Le socialisme ne rendra pas la terre extensible, et il est évident que, dans n’importe quel système social, si le nombre des hommes croît indéfiniment, il n’y aura pas de place pour tous ; au banquet de la vie ; il n’y a qu’un nombre limité de couverts.

Le néo-malthusianisme restera comme toutes les acquisitions du progrès humain ; par lui la destruction, frein nécessaire à la surproduction se réalise avec le minimum de souffrances.