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cher un médecin qui n’approcha pas même du lit. Le logement était maintenant un taudis sordide, partout des torchons sales, des bouteilles vides, des vêtements haillonneux ; il ne savait où poser son chapeau. Les vingt-cinq chats, il y en avait trois de plus, braquaient sur lui des yeux jaunes ou verts pleins d’hostilité. Pas rassuré, il bâcla à la hâte son ordonnance et s’en fut en maugréant.

La maladie empirait ; une nuit, la fièvre dépassa quarante degrés. La « Mort aux Chats » avait la poitrine broyée comme dans un étau ; elle suffoquait. « Pourquoi souffrir, dans quelques jours au plus tard, je mourrai. La vie est laide ; partout de la douleur et les hommes ne font qu’ajouter, par leur cruauté à l’enfer de la nature. Le pauvre chat qui joue autour de moi presque heureux, je le retrouve le lendemain l’ail pendant, à demi assommé par un voyou sauvage. La vie est un mal et c’est la mort qui est un bien, surtout la mort que je donne, sans souffrance, par le chloroforme. Plus de maladies, plus de persécutions, plus d’ingratitude ; le bon sommeil sans rêves, pour jamais ».

Elle rassembla toute l’énergie qui lui restait et chloroforma tous ses chats, un par un. Une odeur suffoquante emplissait le logement, la « Mort aux Chats » commençait à s’endormir elle-même.

Vivement, elle ouvrit le robinet du gaz et s’étendit sur son lit, au milieu de ses chats qu’elle y avait couchés, l’un contre l’autre. Elle tenait à la main un flacon de chloroforme débouché ; elle le respira avidement.

» La mort est bonne, murmura-t-elle, on s’endort et tout est fini. Venez, mes petits minets, mes petits enfants ».