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comme du protozoaire au singe anthropoïde la chaîne est continue, il faudrait doter d’une âme toute la zoologie. Ne faudrait-il pas aussi joindre la botanique ; car si un chien nous apparaît bien plus vivant qu’un arbre ; l’arbre est plus vivant qu’une amibe.

Où loger toutes ces âmes, car il doit y en avoir un nombre bien difficile à chiffrer, si l’esprit de tout ce qui a vécu demeure à jamais.

Revenons à l’homme. Il naît, comme tous les animaux, de l’union d’un spermatozoïde et d’un ovule. À quel moment l’âme se loge-t-elle dans l’être humain ? Faut-il doter d’une âme l’ovule fécondé. Et si cet ovule se trouve expulsé, que devient son âme ? que l’on songe au nombre des âmes ovulaires dont l’univers serait peuplé. L’admission de l’âme fœtale nous conduit à des absurdités identiques.

Si je voulais faire des hypothèses, je trouverai plus admissible l’idée d’une âme qui serait une émanation cérébrale. Nulle chez le fœtus et le nouveau-né, elle s’élaborerait à mesure du développement du cerveau ; elle serait le substratum de la personnalité, substratum qui, après la mort, pourrait subsister, du moins pendant un certain temps.

Mais de cela nous n’avons aucune preuve ; car malgré ma bonne volonté, je n’ai jamais pu découvrir, dans les pratique des spirites, la preuve d’une survie quelconque.

Le spiritisme a, au moment où j’écris, des adeptes fort nombreux ; mais cela n’est pas une preuve de sa vérité. Le bouddhisme, le christianisme, l’islamisme ont eu et ont encore beaucoup plus de fidèles, ils n’en sont pas plus vrais pour cela. L’au-delà est à tel point souhaitable que l’humanité ne demande qu’à y croire.

Sur les esprits contemporains qui tous connaissent les sciences, au moins par ouï dire, le spiritisme a l’avantage de ses apparences scientifiques. Il ne se borne pas, comme les religions, à se targuer d’une révélation lointaine ; il a des laboratoires, il fait des expériences ; cela suffit pour convaincre le très grand nombre des gens qui ne cherchent pas à approfondir.