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Parfois de longues séries de souvenirs se déclenchent.

Par exemple, une pièce de vers apprise par cœur durant l’enfance et qui, nous revient tout entière alors qu’on la croyait oubliée depuis bien des années. On croirait entendre un disque de phonographe.

Il est à présumer que le mécanisme de la pensée sera toujours mal connu, car nous n’avons pour le connaître que l’introspection. Nous sommes à la fois sujet et objet. Quant à nos volitions, elles ont une cause qui pour être d’ordre psychologique n’en existe pas moins. Même en faisant un acte pour prouver mon libre arbitre, je suis déterminé par un motif ; la volonté de prouver que je suis libre.

Cette idée de liberté psychologique doit, au fond, n’être autre chose que la conscience du centre des mouvements musculaires. Cette dépendance des membres à l’égard du moi donne l’illusion de la liberté.

Il y a des personnes dont la croyance au libre arbitre est déterminée par des considérations de responsabilité morale ; elles ne comprennent que superficiellement la question.

À leurs yeux, nier la liberté équivaut à admettre que nous sommes agis par des causes : milieu, hérédité, etc., extérieures à la volonté elle-même.

Rien de semblable, l’hérédité et le milieu nous donnent des mobiles qui peuvent parfaitement être inhibés par des mobiles contraires. Tel qu’une hérédité alcoolique pousse aux actes violents, pourra cependant se dominer s’il a une philosophie qui condamne la violence. Évidemment il aura plus de mal qu’un autre à refréner ses instincts, mais il peut y parvenir. On résiste à l’hérédité et au milieu non parce qu’on a le libre arbitre ; mais parce qu’on obéit à la raison.

J’insisterai peu sur l’influence des stupéfiants : cocaïne, opium, alcool, etc., car ils fournissent leur argument habituel aux matérialistes. Néanmoins il est indubitable qu’une légère intoxication par ces poisons suffit pour transformer notre personnalité ordinaire. Non seulement nos sentiments, mais nos idées elles-mêmes sont modifiées. Il arrive même que sous ces in-