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en russie communiste

pour ma conversation mais pour les revenants-bons qui ne manquent jamais de leur échoir ; car, je suis affligée d’un détestable estomac qui se rebelle contre la cuisine soviétique.

Le pensionnaire français doit s’armer de patience, car il faut attendre jusqu’à quatre heures le second repas qui est le plus abondant de la journée, une soupe, un ragoût de porc conservé. Enfin de dix heures à minuit, petit repas composé de pain, de beurre et de poisson fumé en très petite quantité. Le thé est à discrétion à tous les repas ; c’est sur lui que je me rattrape, car avec le thé on a un bonbon ou un morceau de sucre ; et on sait que le sucre est un dynamogène.

Malgré son aide cependant, je me sens dépérir, j’ai des vertiges, après un kilomètre de marche, je me sens déjà fatiguée et j’ai toutes les peines du monde à lire pendant une heure de suite un traité de physique que j’ai pris à la bibliothèque du Komintern.

Je réussi à échanger contre deux cent cinquante mille roubles soviétiques un billet de cent francs français. J’en profite pour aller me payer les jours où j’ai trop faim, un dîner au restaurant capitaliste. Elles ne sont pas brillantes ces stolovaia, mot à mot (salles à manger) de Moscou. Une pauvre petite boutique avec quelques tables recouvertes de serviettes maculées de tâches. C’est la patronne ou le patron qui sert et le plus souvent