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conflit, et les pauvres, l’esprit suffisamment occupé, oublient et leur condition et les privilégiés qui la leur ont faite.

Les conservateurs veulent bénéficier du patriotisme, mais ils se refusent à en accepter les charges. Ils se croient faits pour commander, pensent qu’ils ont droit à une vie supérieure et libérée, qui n’est pas compatible avec une famille nombreuse. L’homme ne veut pas diviser la fortune, la femme a la même volonté et, de plus, elle veut pouvoir conserver, même dans l’âge mûr, un visage frais, un corps souple, ne pas être un objet de répulsion.

Mais si le rôle des riches est de diriger, celui du peuple, est d’obéir ; à lui donc la vie chétive, le travail, la défense du pays ; à lui, la descendance nombreuse. Si les enfants sont une cause de misère, tant pis. De temps en temps, on fera l’aumône ; cela ne ruine pas et a l’avantage de maintenir ceux à qui on la fait dans une salutaire humilité.

Je n’ai pas besoin de dire ce que de pareilles conceptions ont de contraire, non seulement au socialisme, mais à la simple démocratie. Certes, plus d’un démocrate de nécessité les porte quand même au fond de son cœur ; mais je ne crois pas qu’un ministre de la République ose jamais les soutenir devant le Parlement.