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tion, envoie ses enfants à l’église ; elle supplie pour quelques bons de pain ou de charbon, pour des hardes.

À vrai dire, il n’y a pas seulement ici une question d’arithmétique. La restriction volontaire n’est pas la seule cause du bien-être et la prolificité le seul agent de la misère. Bien-être et restriction tiennent l’un et l’autre à des qualités de prévoyance et d’ordre. C’est parce que l’un est prévoyant qu’on limite le nombre de ses enfants, et cette prévoyance, on l’applique, en outre, à l’administration de son ménage. Grâce à cette qualité, on jouit d’un bien-être relatif, que vient encore augmenter la restriction du nombre des enfants. De même, la prolificité, qui est une cause de misère, est elle-même un effet du désordre et du laisser-aller, autres causes de misère.

C’est donc surtout pour des raisons économiques que, dans la classe moyenne et dans la classe pauvre, on a recours à l’avortement. Il se décide, en général, d’un commun accord, dans l’intérêt du ménage. Parfois, dans la classe ouvrière, la femme en assume seule la responsabilité ; le mari abruti d’alcool, se soucierait peu d’avoir une nombreuse famille, mais la femme, qui est sobre, et plus raisonnable, aussi, ne tient pas à accroître ses charges, déjà si accablantes. Être grosse, en