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pour que leur maîtresse s’y résolve. Je t’ai aimé, tu m’as aimé, dit le jeune bourgeois à la petite ouvrière, nous avons passé ensemble des moments agréables. Il est vrai que je t’avais rendue enceinte, mais je t’ai fait avorter, nous sommes quittes.

Les femmes, elles, préféreraient avoir l’enfant pour tenir l’homme, pour tâcher de l’amener au mariage, tout au moins pour tirer une aide pécuniaire pendant de longues années. Mais l’amant insiste et la femme finit par céder, craignant d’avoir la charge sans la compensation escomptée.

L’avortement ne se limite pas aux amours illégitimes ; les gens mariés le pratiquent constamment. Parfois, c’est la première grossesse que l’on interrompt ; elle est venue trop tôt, les époux veulent avoir quelques bonnes années devant eux pour jouir de la vie ; on remet les enfants à plus tard. Le plus souvent, on ne se résout à l’avortement qu’à la troisième ou à la quatrième grossesse. On a vu venir avec plaisir le premier enfant, on a accepté le deuxième, on s’est résigné au troisième, mais on refuse absolument le quatrième. Le fonctionnaire, l’employé, le petit commerçant aisé tiennent à bien élever leurs enfants ; ils veulent que si possible, leurs descendants arrivent à un rang social, supérieur au leur, tout au