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Les femmes, d’ailleurs, ne font pas mystère de ces pratiques. Sur le palier des maisons ouvrières, chez le boulanger, le boucher, l’épicier, les ménagères les conseillent à leurs voisines que des maris brutaux autant qu’imprévoyants affligent de grossesses répétées.

L’avortement est quelquefois dangereux, mais uniquement parce qu’il est défendu ; car l’opération qu’il nécessite est des plus bénignes. Si l’article 317 était aboli et que l’on permette aux médecins de délivrer, jusqu’à trois mois, de la grossesse, les personnes qui le leur demandent, il n’y aurait on peut dire jamais d’accidents. Dans les cas rares de complications, un curetage utérin pratiqué ouvertement sauverait à peu près toutes les malades.

Le danger vient de l’ignorance des opérateurs. J’ai rencontré, dans le Nord de la France, une marchande de fromage qui se vante de faire avorter les femmes avec leur canule à lavements. Elle éprouve pour l’antisepsie un dédain supérieur ; elle dit que les précautions d’ébullition et de lavage ont été imaginées par les médecins uniquement pour se donner de l’importance. On frémit en songeant au nombre d’infections que cette femme et ses pareilles, qui sont légion, doivent provoquer.