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velours et de soie dont eux et leurs femmes sont couverts.

Un seul métier, les armes, tous les autres sont déshonorants. Apprendre à lire est secondaire, ce qui est primordial, c’est de savoir monter à cheval et se servir d’une épée.

Dès que l’enfant noble tient sur ses jambes, on commence son éducation. Dès le « Petit Duc », nous voyons que le professeur de latin est un vieil imbécile digne de tous les mépris. L’homme estimable et honorable, c’est le professeur d’escrime, celui qui enseigne la guerre.

Le point d’honneur des petits Ducs est très chatouilleux ; pour un mot de travers, ils se battent en duel, et ces duels ne sont pas des plaisanteries. On y est proprement tué, donnant ainsi sa vie pour n’avoir pas été salué, pour avoir été bousculé dans la rue, ou parce qu’on avait pris votre place au théâtre. Le duel est un jugement de Dieu. On pensait que Dieu, qui, sans doute, n’avait pas grand’chose à faire, dirigeait les épées et donnait la victoire à qui avait raison. En réalité, la victoire allait à la force, on pouvait avoir raison et être mort.

Ces mœurs n’étaient que celles d’une classe. La bourgeoisie qui ne se battait pas et osait vivre de commerce dans d’obscures boutiques était méprisée ; ses vêtements sombres attestaient l’humilité de sa condition ; les guerriers, eux, éblouissaient les petites gens de leurs vêtements aux couleurs éclatantes.

De la révolution naît, peu à peu, avec bien des reculs, l’ordre bourgeois qui honore, sinon le travail, du moins l’argent. Et l’argent ne se gagne plus dans des belles batailles, mais par l’industrie. L’officier, soumis par le pouvoir civil, n’est plus le bravache