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instants, la confection et la réparation des vêtements, le nettoyage du logement, les provisions, la cuisine. La jeune ménagère n’est guère plus florissante que l’ouvrière.

On a dit que le travail, c’était la liberté. Il semble qu’il y ait eu là une gageure. Pauvre liberté que celle qui consiste à être courbé tout le jour sur de l’étoffe, du fer, du bois ou des lettres de commerce à dactylographier. Il fait beau temps, mais c’est à peine si on s’en aperçoit, car l’atelier donne sur une cour étroite et grise, les murs de l’usine sont noircis de fumée. La rue ensoleillée invité à la promenade ; la voilà bien la liberté, elle est pour qui a des rentes.

Le travail est cependant dans une certaine mesure la liberté, parce que l’argent gagné assure quelque indépendance. Pour la jeune femme le travail est la liberté parce qu’il la sort de la maison. À l’atelier, on voit des camarades, on échange des idées ; le champ de l’esprit est plus large. La vie n’est plus bornée au mari, au enfants et à quelques voisins.

Le mari est un maître, le patron en est un aussi, mais son autorité est moins étroite ; elle ne s’étend pas sur tous les instants de la vie. En outre l’autorité est moins dure ; un patron ne donne pas de coups ; il se contente de réprimander ou de renvoyer. Enfin on peut plus aisément remplacer un patron trop dur qu’un mari qui fait de la vie un enfer.

Confinée dans son ménage, la femme garde un esprit étroit rempli de mesquineries. En dehors du cercle de ses proches, la seule chose à laquelle elle prenne un intérêt est la religion.

La ménagère est un frein social. Comment les partis d’avant-garde n’ont-ils pas compris cela depuis longtemps. Sans doute ils l’ont compris, mais l’égoïsme du mâle a été plus fort.

La notion du droit de l’individu à la vie et à la liberté est toute récente. Les discours les plus enflammés sur la liberté, des hommes de la grande révolution, n’entendaient célébrer que la liberté masculine. Libre citoyen dans l’État,