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Dans sa célèbre « Sonate à Kreutzer », Tolstoï s’élève contre la lutte des sexes. Cette lutte toute de ruses, dans laquelle la femme tâche de circonvenir l’homme. La jeune fille avec ses cheveux coquettement coiffés, son visage arrangé, ses robes excitantes, son badinage léger, vise à attirer les mâles. Si elle a affaire à un intellectuel elle feint de partager son idéal, de se passionner elle aussi pour les grands problèmes que se pose l’humanité. Une fois mariée tout tombe. L’homme s’aperçoit que l’intellectuelle ne l’est pas du tout ; seuls des intérêts mesquins occupent son esprit.

Le même sujet est traité par Alphonse Daudet dans « Femmes d’artistes ».

C’est à mon avis un point de vue faux. L’homme recherche surtout dans celle dont il veut faire une compagne l’attrait physique. Le génie d’une femme laide et difforme le laisserait indifférent.

Tant que la femme ne trouve pas sa vie par le travail, la conquête du mâle est son moyen de lutte pour la vie. L’homme étant le dispensateur de tous les biens, la femme met tout en œuvre pour l’accaparer, sa jeunesse, sa beauté, sa coquetterie sont ses armes.

D’autres auteurs ont exprimé la crainte que la femme, une fois sa vie assurée par le travail, fuirait le mâle et que celui-ci ne pourrait plus satisfaire sa sexualité.

Cette crainte n’est pas fondée. La mentalité actuelle de la femme est artificielle.

On a élevé la femme dans la croyance que l’acte sexuel, lorsqu’il n’est pas le devoir du mariage, est immoral et honteux. Les femmes mettent tous leurs soins à refouler un instinct que la société leur ordonne de détruire. Dans ces dernières années d’ailleurs, il y a eu à cet égard de grands changements dans l’appréciation des valeurs et les femmes osent ce que leurs mères n’auraient pas osé. Les romans écrits par des femmes sont pleins des désillusions de la dévirginisation, de la légitimité de l’adultère, de la réhabilitation du lesbianisme comme remplacement, etc. Nos mères n’auraient jamais osé étaler de pareilles choses, chacune gardait pour elle ses rancœurs, cherchant au besoin des consolations dans la religion.

Le travail de la femme n’a pas pour effet de l’éloigner de l’homme. Les jeunes gens et les jeunes filles sont moins