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La cellule familiale, père, mère, enfants est fortement ébranlée par la nécessité du travail féminin.

Jusqu’ici il semble que le travail, loin d’affranchir la femme mariée, ne fait que l’accabler, puisqu’elle doit être à la fois ouvrière et ménagère. La destruction du préjugé qui interdit à l’homme d’aider sa femme aux travaux de la maison n’est pas une solution ; ce serait d’ailleurs une œuvre lente et aléatoire. C’est le ménage lui-même qu’il faut transformer.

Le ménage est comparable à ce qu’était autrefois la petite industrie ; on mettait beaucoup de temps à produire peu.

Les cent fourneaux qui cuisent dans une maison le repas de cent ménages pourraient descendre au sous-sol et se fondre en un seul. En outre, pourquoi faire aller et retour des kilomètres en métro pour venir manger chez soi, encore une routine. Un restaurant installé au lieu du travail, pourrait donner le repas de midi. On y joindrait une salle de repos pour lire les journaux, causer, etc.

Le soir l’ouvrier et l’ouvrière rentrent à la maison. Cela doit être pour se reposer et se distraire et non pour travailler.

On a commencé à bâtir des maisons ouvrières aménagées pour la vie moderne, mais en cela comme en toutes les réformes on a agi avec timidité.

La maison bâtie par exemple pour mille personnes doit comprendre :

1° Des restaurants.

2° Une infirmerie pour maladies légères.

Les malades sont en général très mal soignés chez eux, surtout dans la classe ouvrière. On n’a pas le temps, on n’a pas d’argent et beaucoup d’ignorance. Le malade est souvent le jour abandonné dans le lit aux draps malpropres. Le plus souvent la chambre n’est pas chauffée en hiver. Le médecin vient, prescrit une ordonnance qu’on exécute à moitié ou pas du tout. Mettre des ventouses, dit la parente, je n’en ai pas, et je ne sais pas les mettre. Après tout est-ce bien nécessaire ? La grippe devient bronchite, congestion pulmonaire et par surcroit le malade contamine sa femme. Que de tuberculoses attrapées au lit !

Quant au célibataire malade sa situation est lamentable. Il est à la merci de sa concierge, il peut rester des jours