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Le droit au travail pour la femme



I


« Vivre en travaillant ou mourir en combattant » revendiquaient les ouvriers, en 1848.

Réclamation élémentaire. Du moment que la propriété est déclarée intangible et qu’il est défendu de prendre par la force les biens qu’autrui considère comme siens, la société protectrice de ceux qui possèdent doit assurer par le travail l’existence de ceux qui ne possèdent pas.

Ce droit, la société encore de nos jours est loin de l’assurer à l’homme. Depuis dix ans le chômage sévit à l’état endémique et en ce moment il atteint dans plusieurs pays, d’énormes proportions. Impossible de travailler, défense de voler, défense de mendier, que faire ?

On pourrait faire la révolution et les gouvernements instruits par l’histoire, le savent fort bien. C’est pourquoi les bourgeois anglais et allemands se résignent à payer des sommes formidables pour entretenir les chômeurs.

Le problème du travail féminin s’est posé jusqu’ici de façon un peu différente.

La société ne voulait connaître que l’homme. La femme vivait dans la dépendance de l’homme qui, en principe, l’entretenait.

En fait il y a toujours eu des travailleuses qui produisaient en dehors du foyer familial. Les couturières, les blanchisseuses, les modistes, etc., travaillaient pour un salaire. Mais il s’agissait de minorités restreintes ; la masse des femmes, mariées ou non, étaient entretenues par un homme ; ménagères ou courtisanes, comme disait Proudhon.

Toutes les femmes ne peuvent être entretenues. Il y a les veuves trop âgées pour convoler une nouvelle fois ; les célibataires qui, par défaut de beauté, de santé, de relations ou d’argent n’ont pu trouver de mari.

Pour faire un sort aux veuves, la loi juive prescrivait au beau-frère célibataire de les épouser. Chez nous elles demeuraient, comme les vieilles filles, à la charge des familles, quand il y en avait une. Les couvents, autrefois, servaient d’asile à toutes ces femmes, laissées pour compte. Il y avait