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car son immortalité une fois admise, nous ne pouvons lui concevoir d’autre mode d’activité qu’une ascension perpétuelle vers la perfection.

Quant au progrès sur la terre, nous ne saurions logiquement le proclamer indéfini, par la raison que la terre a commencé, et que si elle a commencé, elle doit finir, selon toutes les indications de l’analogie et les prophéties de la probabilité. La scène croule ; il faut bien que la pièce croule avec elle dans le gouffre. Toutes les fois donc que nous reportons nos regards sur la terre, et que nous disons progrès indéfini, nous le disons dans l’acception restreinte d’un progrès dont nous ne pouvons concevoir ni préciser la limite. Mais parce que cette limite, ensevelie dans le mystère de l’inconnu, échappe à notre prévision et à la pointe de notre compas, nous n’avons pas la prétention, par trop illogique en vérité, de prolonger le progrès sur la terre plus longtemps que la terre elle-même. La légende seule a le droit d’imaginer un genre de bataille où l’âme des morts après l’action combat encore en l’air au-dessus des cadavres.

Si nous avons montré que le progrès est indéfini, nous avons prouvé par la même occasion qu’il est continu ; car ces deux idées sont corrélatives, symétriques, liées entre elles par une étroite et intime solidarité. Cependant, comme cette expression de progrès continu jette le trouble dans certains esprits, nous avons besoin de rassurer une fois pour toutes leur inquiétude.

Nous pouvons les uns et les autres, selon nos aspira-