Page:Pelletan - Le Monde marche.djvu/121

Cette page a été validée par deux contributeurs.

encore, vous nous mettez au défi de montrer, sur la poussière du temps, une seule trace de progrès. Et, marchant à grands pas dans l’histoire, vous nous jetez les siècles à la face avec d’admirables explosions d’éloquence. Car, pour le remarquer en passant, vous traitez la question uniquement par apostrophes, et, au magnifique tumulte de votre parole, je pourrai vous répondre, dès à présent : Notre cause est gagnée. Car, là où il suffit de raisonner, elle vous force continuellement à vous réfugier dans l’éloquence.

Vous nous ajournez à nos premiers cheveux blancs pour argumenter sensément sur les destinées de l’humanité. À ce compte nous remplissons les conditions requises. Reprenons les points en litige. Dans votre brusque sortie contre le progrès, vous faites exception, je le sais, pour l’industrie. Vous dites, en la nommant à peine, du bout de la lèvre, comme pour l’acquit de votre conscience :

« Excepté dans quelques industries purement mécaniques qui changent le mode d’une civilisation sans en changer le fond, où sont ces symptômes si frappants de la perfectibilité indéfinie de l’espèce humaine ? »

Industries purement mécaniques ? Dites plutôt sciences appliquées, car géométrie, algèbre, dynamique, physique, calcul intégral, calcul différentiel, il faut toutes ces connaissances, toutes ces filles austères du génie humain pour remuer la moindre bielle et soulever le moindre piston.