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plus lent que tel ou tel autre voisin de création. Par une combinaison particulière de structure, le poids du corps, réparti partout ailleurs sur quatre piliers, pose ici sur deux piliers seulement, et augmente ainsi de moitié la charge du jarret.

Le progrès, pour remplir son programme, devait donner à l’homme un supplément de vitesse et par conséquent un autre procédé de locomotion. Il a encore tenu ici sa promesse ; l’homme avait deux jambes à l’origine : il en a quatre maintenant. Il a pris la crinière du cheval, et il passe d’un bond à l’état de centaure. Il galope encore et il soulève, en signe de triomphe sur son passage, un tourbillon de poussière.

Mais voici la mer, béante et mugissante, qui balance et qui lance sa vague d’un continent à l’autre, comme pour repousser l’homme vers la terre et lui dire à son tour : Tu n’iras pas plus loin. Le progrès va-t-il courber la tête et accepter l’anathème ? Il recueille sa pensée, il calcule la grandeur de l’entreprise, et un jour l’homme, vainqueur de l’abîme file sur la houle avec la légèreté du dauphin, et disperse comme lui de droite et de gauche un jet d’écume. Quelle annexe nouvelle pourrait donner au corps humain la puissance de la voile du navire ?

L’oiseau, cependant, fend encore l’air avec plus de rapidité. Vous avez raison. Le progrès comprend cette infériorité d’organisme. Il prend son temps pour conquérir à l’homme une plus grande force d’impulsion. Il contemple longuement pendant un siècle, dans une