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organe un simple morceau de fer, et un simple outil.

Jouer sur le mot ? et pourquoi donc ? Vous sommez la doctrine de la perfectibilité de vous dire quelle fibre nouvelle, c’est-à-dire quelle prise nouvelle sur la matière le progrès a donnée de surcroît au corps humain. Je vous montre la scie, je vous montre la tarière ; qu’importe ensuite que, scie ou tarière, vous les appeliez morceau de fer, que vous les appeliez outil. Du moment que l’une et l’autre jouent le rôle que vous attendiez d’un muscle nouveau, l’une et l’autre peuvent bien passer pour un muscle nouveau en réalité, puisqu’elles en font l’office, en augmentant l’action de l’homme sur la matière.

Certes, vous pouvez prendre en pitié, avec Jean-Jacques Rousseau, la débilité du bras comparée à la patte du lion et la trompe de l’éléphant. Mais un jour Archimède, tranquillement assis dans sa faiblesse, trace avec ce bras impuissant, du bout d’une baguette, un signe cabalistique sur le sable, et à l’évocation de son génie, il fait couler dans le bras de l’homme la force de l’infini, et surgir de terre un levier à soulever le monde s’il avait un point d’appui. Or, le cric est précisément le bras que vous réclamiez tout à l’heure, car lorsque vous désirez un bras de plus pour l’homme, j’imagine, ce n’est pas au point de vue de l’art pour l’art, afin qu’il ait simplement un membre de plus, mais bien une puissance de plus à son service.

Je reconnaîtrai encore volontiers avec vous que l’homme possède un appareil de marche plus pauvre et